Mon projet de recherche


Mon doctorat

Tout au long de mon doctorat, je me suis intéressée à comment un élève construit ses réponses à la suite d’une lecture. Pour ce faire, j’ai travaillé avec deux merveilleuses enseignantes (une en deuxième année et l’autre en quatrième année) ainsi que leurs élèves.

Je vous partage le résumé de ma recherche et certains résultats ci-bas, mais n’hésitez surtout pas à aller lire directement ma thèse.

Pour une version plus vulgarisée et pratico-partique appliquée pour la salle de classe, je vous recommande d’aller feuilleter mon livre publié chez Chenelière.


Résumé

La présente recherche collaborative vise à mieux cerner le concept de justification à la suite d’une lecture littéraire. Plus précisément, nous avons identifié les stratégies justificatives utilisées par des élèves de 2e année (N=5) et de 4e année (N=6) et les enseignantes de 2e et de 4e année (N=2, soit une enseignante par niveau) lors de l’élaboration de leurs réponses à la suite d’une lecture oralisée par les enseignantes. Nous voulions également vérifier si le degré d’étayage offert avait un impact sur la fréquence et la diversité des stratégies utilisées par les élèves de 2e et de 4e année.

Trois dispositifs didactiques ont été utilisés : la lecture interactive, la lecture REP (Réfléchir-Échanger-Partager) et le cercle de lecture. Les enseignantes de 2e et de 4e année ont utilisé les mêmes albums et les mêmes questions liées aux quatre dimensions de la lecture (compréhension, interprétation, réaction, jugement critique plus particulièrement lié à l’appréciation d’un texte littéraire) avec leurs élèves lors des discussions. Les enseignantes ont également évalué les justifications écrites des élèves et elles ont exprimé à voix haute les critères d’évaluation sur lesquels elles se sont appuyées pour juger de la qualité d’une justification.

Nos résultats indiquent que 16 stratégies justificatives sont utilisées par les élèves ou les enseignantes :

  • Appel à un extrait, une citation ou un exemple tirés du texte;
  • Appel à un exemple qui n’est PAS tiré du texte ou de son expérience personnelle;
  • Appel aux illustrations;
  • Appel à une comparaison;
  • Appel à des images fortes ou à des métaphores;
  • Appel à un message à portée philosophique;
  • Appel à son expérience personnelle;
  • Appel à la visualisation;
  • Appel aux propos des pairs, de l’enseignante ou de l’autorité;
  • Appel à des informations implicites;
  • Appel aux intentions des personnages;
  • Appel aux intentions de l’auteur ou de l’illustrateur;
  • Appel à porter un jugement;
  • Appel à des indices linguistiques;
  • Appel à utiliser le métalangage du schéma narratif;
  • Appel à des mots précis pour exprimer sa justification.

Les élèves de 4e année utilisent davantage de stratégies justificatives, soit en fréquence, mais également en variété lors de l’élaboration de leurs justifications. Ils sont également les seuls à utiliser la stratégie justificative Appel à des indices linguistiques. Nous avons recensé plusieurs techniques utilisées par les enseignantes de 2e et de 4e année pour soutenir les élèves lors de l’élaboration de leurs justifications. D’ailleurs, nos résultats indiquent que les capacités justificatives des élèves varient selon le degré d’étayage offert par les enseignantes (Approche partagée et guidée). Pour la lecture interactive, les élèves de 2e année « apprennent à utiliser » leurs stratégies justificatives dans ce dispositif grâce aux stratégies modélisées, partagées et guidées et les élèves de 4e année « développent leur autonomie » en utilisant leurs stratégies justificatives en lecture interactive de façon autonome.

Nous constatons également que l’emploi des stratégies justificatives de haut niveau par les enseignantes pousse les élèves à utiliser des stratégies qu’ils utilisent peu ou pas habituellement. La lecture REP est le dispositif didactique qui a permis de générer le plus de stratégies justificatives de la part des élèves de 2e année. Grâce à sa structure, plusieurs niveaux d’étayage sont possibles, ce qui permet aux élèves de 2e et de 4e année de s’entraider dans la construction de leurs justifications (approche guidée par les pairs). Le cercle de lecture, tel qu’utilisé par les enseignantes dans le cadre de cette recherche, s’avère le dispositif le moins efficace pour les élèves de 2e année. La baisse du nombre de stratégies justificatives observées est directement liée au faible niveau d’étayage offert par l’enseignante. En revanche, le cercle de lecture apparaît comme un dispositif didactique plus pertinent pour les élèves de 4e année. C’est d’ailleurs le dispositif qui a généré le plus de stratégies justificatives de leur part. Par sa structure, il permet aux élèves d’aider leurs pairs (approche guidée par les pairs), mais également de coconstruire la discussion.

Finalement, les deux enseignantes qui ont participé à ce projet de recherche identifient davantage de stratégies justificatives utilisées par leurs élèves et leurs critères d’évaluation pour juger de la qualité d’une bonne justification se sont modifiés lors de la deuxième phase d’évaluation. Nous croyons que d’orienter la formation vers l’évaluation en aide à l’apprentissage permettrait aux enseignants du Québec de mieux identifier, rétroagir et réguler les stratégies justificatives de leurs élèves.

Mots-clés : Stratégie, justification, compréhension, réponse, lecture, évaluation, didactique, lecture interactive, cercle de lecture, étayage



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